Bosser à Te Anau – A la plonge!

-JANVIER 2016-

Après avoir passé l’entretien d’embauche le plus rapide de l’histoire de l’embauche et ma croisière aux Milfords (je racontais tout ICI!), me voici Kitchen Hand au café Bailiez, un café/restaurant rattaché à l’hôtel Distinction Luxmore juste à côté.

(Read this post in English, baby!)

Au milieu des montagnes

Travailler c’est bien, mais avoir un logement c’est mieux. Malheureusement, il n’y a plus de chambres de dispo pour le staff de l’hôtel, à un loyer concurrentiel de 90$/semaine. J’affiche une annonce au supermarché Fresh Choice et, ni une ni deux, je suis rappelée par Bruce qui me propose une chambre dans sa maison sur Worsley Street. Bruce il doit avoir la quarantaine, il a vécu en Chine, en Europe, on dirait qu’il a pas mal vadrouillé. Il vit ici avec son chien, Ralph, une vraie tornade. Sa femmes et ses enfants sont en Indonésie, lui-même il vient de rentrer à Te Anau. Alors il loue deux chambres dans sa jolie maison. Mon autre coloc, John, est un irlandais fraichement débarqué en Nouvelle Zélande, qui est chef dans un autre resto de la ville, The Fat Duck. Il est gentil, il partage avec moi ses chips à la Guinness. Dans la maison, j’ai ma propre chambre, grande, avec pleins de fenêtres, un miroir et une table de nuit ; de la place dans le frigo, un jardin, et même un vélo. C’est un peu cher, c’est vrai, 130$/semaine, mais j’espère gagner pleins de sous.

Je commence mon nouveau job de commis de cuisine un mardi (ça s’invente pas) et quand j’arrive y’a littéralement personne de prévu pour m’accueillir et m’expliquer un minimum comment ça tourne ici. Le chef est débordé, les serveuses sont débordées. Heureusement que je sais comment ça tourne une plonge. Ni une ni deux, j’enfile un tablier et je commence à laver. Parce que oui, au final, c’est ce que je vais faire la plupart du temps (disons hum 97% du temps) : laver la vaisselle. Et comme leur ‘machine’ c’est un peu de la merde, il faut que je pré-lave toute la vaisselle à la main avant de la passer en machine. Ouais je sais.

Ca me rappelle mon expérience à la cafeteria Eris de Carrefour quand j’étais étudiante (c’était y’a… 9 ans déjà, bordel, et je racontais déjà de la merde ICI). A l’époque, avec mon amie Cynthia qui bossait chez Flunch, on s’était promis « Plus jamais. » Là je me dis que c’est pour la bonne cause. Et finalement il m’a pas fallu longtemps pour que je me rappelle exactement pourquoi à l’époque on s’était dit dit « plus jamais ». La plonge, le débarrassage d’assiettes, c’est vraiment ce qu’il y a de pire dans la restauration. Tu sues, tu pues, tout est sale et mouillé autour de toi, et t’as beau frotter, essuyer, gratter, y’en aura toujours plus à frotter, essuyer, gratter. Sans compter que finalement t’es un peu l’esclave de tout le monde, des serveuses qui ont besoin des couverts et des tasses en urgence, des cuisiniers qui ont besoin de telles assiettes en urgence ou de te faire éplucher 42 oignons alors que t’as de l’eau jusqu’aux aisselles.

Fushias à ma fenêtre

Les journées sont épuisantes, je prends une pause de 10 min pour manger pour un shift qui peut aller jusqu’à 7heures d’affilées. La bouffe est gratuite, cependant, ça fait des économies. J’en serais presque heureuse si je réalisais pas au bout de trois jours qu’on me sert presque toujours des burgers. (Salut, j’ai pris 10kg depuis 7 mois et j’aimerais bien maigrir. Non ? Pitié ? Même si je demande gentiment ?) Autre point noir, le coin de la plonge est isolé du reste, je suis souvent seule. Sans musique, sans quelqu’un à qui parler. Et si je ne parle pas, mon anglais ne s’améliore pas non plus. C’est la déprime. Le plus ? J’ai bossé presque 45 heures la première semaine, donc c’est bon pour le porte-monnaie.

Malheureusement ça ne dure pas. Quand je regarde mon planning la semaine suivante, je me rends compte que je tourne à moins de 35 heures… S’ensuivra ensuite l’expérience la plus horrible depuis que je suis en Nouvelle Zélande : on me demande d’attraper les langoustes et de les mettre dans des sachets pour les congeler. Vivantes. Et je le fais. Mais elles sont vivantes, tu vois. VIVANTES. Elles se débattent, me griffent les bras. Et moi je les fous dans des sachets plastiques, je les étouffe quoi. Au fur et à mesure, je pleure de plus en plus. Je sais que je suis émotive. Je pense que certaines personnes, et notamment toutes celles qui m’ont vue faire ce jour-là, ne comprendront pas du tout ce qui s’est passé dans ma tête, dans mon cœur, à ce moment-là. Non, sérieusement, je suis plutôt sensible comme fille. Et tuer des langoustes de mes mains, non, mais ça m’a brisé le coeur. Totalement. Je me suis promise de ne plus jamais m’obliger à faire quelque chose qui va à l’encontre de mes sentiments, même pour un boulot. J’étais secouée. Totalement. Là j’ai eu un déclic. Je me suis dit que j’avais rien à foutre là.

Brod Bay, sur le Kepler Track

Alors j’ai fait un tour au Notice Board du supermarché Fresh Choice. Je vois qu’ils ont mis une annonce pour des jobs. Ils cherchent quelqu’un pour la boulangerie. Et moi je me dis ‘et pourquoi pas en fait ?’ Ni une, ni deux, je file à la bibliothèque pondre un joli mail dans lequel j’explique mon amour des nouvelles expériences. Ils me rappellent et je passe un entretien. Je rencontre Monica, qui m’explique que le poste de boulanger a déjà été pourvu mais qu’il y a un poste de libre au rayon fruits et légumes. Elle me garantit 40heures/semaine avec possibilité de faire les Night Fill, la mise en rayon après la fermeture, ce qui rajoute 6h/semaine. Monica me parle de son équipe, des horaires, des pauses, des deux jours de congé par semaine, elle me raconte un peu sa vie, ses origines néerlandaises, ses enfants qui sont en Europe. Elle me plaît bien, Monica. Je signe. Reste plus qu’à annoncer à mon chef que je me casse, parce que les horaires ne sont pas compatibles pour cumuler les deux jobs.

Marie & Kris came to visit me at home!

J’angoisse. Je suis là depuis seulement deux semaines. Comment va-t-il le prendre ? J’ai jamais ‘démissionné’ avant, moi. Je prends mon courage à deux mains et je lui annonce. A ma grande surprise, il le prend super bien. Il me dit qu’il sait très bien que le boulot de Kitchen Hand c’est pas très intéressant. C’est normal que je recherche autre chose. Il me remercie même de l’avoir aidé en cette période. T’as bien lu, JE DEMISSIONNE ET LE GARS IL ME REMERCIE D’ETRE VENUE. Donc voilà, l’aventure Kitchen Hand se termine un dimanche en milieu de journée après trois semaines de bons et loyaux services (en sueur).

Les semaine se suivent et se ressemblent à Te Anau. Je bosse, je vais à la piscine, je cours, je marche le long du lac, je dévore Harry Potter, je pars en escapades de Geocaching. C’est la première fois que j’ai vraiment mon espace à moi, alors je fais mon autiste toute la première semaine, à m’enfermer dans ma chambre, profiter de ma solitude. Je regarde des séries sur mon PC en mangeant des repas équilibrés. Ce qui m’était pas arrivé en 7 mois de voyages (que ce soit les séries ou les repas plus ou moins . Au bout d’un moment, je suis de nouveau prête pour la sociabilité et le monde extérieur.

Comme j’ai souvent pu le constater en Nouvelle Zélande, la semaine type du jeune kiwi sans enfants se résume à peu de choses : bosser comme un taré et se bourrer la gueule à partir du jeudi soir. (Ce qui fait que ce pays n’est pas fait pour moi, mais on y reviendra). Du coup, avec Clémentine on fait vite le tour des deux bars de la ville où il y a de l’animation, histoire de danser comme si demain n’existait pas et rencontrer un peu de locaux. Surprise, à Te Anau il y a une grande communauté latino-américaine.

Glace au citron!

D’ailleurs, au boulot je rencontre Paulina. Un argentine qui bosse à l’hôtel Distinction Luxmore et qui venait aider en cuisine quelques jours. A peine quelques heures passées ensemble et le courant passe. Elle m’invite à sa soirée Green Sunset le soir même. Ouais, d’accord, pourquoi pas, je ramène le jus de fruits. Je débarque et j’y rencontre pleins de couchsurfeurs, deux allemandes et trois français, Sandra, Julie et Charles-Antoine. La soirée c’est un vrai melting pot, avec Bruno le québécois, Karan l’indien, Andréa la bulgare, Roxana la hongroise, Juan l’argentin et pleins de gens qui débarquent au fur et à mesure mais que je calcule qu’à moitié parce que je suis trop occupée à rire et danser. Oui, voilà, A DANSER. Toute la soirée, sans m’arrêter, sous la pluie, sous le porche, peu importe, la stéréo est à blinde, je connais personne, mais c’est comme si je connaissais tout le monde.

Sur le chemin pour rentrer chez moi je pouvais plus m’arrêter, j’ai dansé dans l’impasse avec mon ombre pendant 20 bonnes minutes. J’avais le sourire scotché à la gueule tu vois. Comme une enfant qui a peur de rien. Et lundi, je vais découvrir le monde merveilleux des fruits et légumes.

J’ai hâte.

Dans l’impasse, cette nuit là, je dansais.

CE QUE J’AI APPRIS :

  • Faire la plonge ? Plus jamais. (J’espère.)
  • Eplucher les oignons rapidement. Et les carottes. Et les citrouilles. Et couper les concombres. En gros, j’ai un peu moins peur des couteaux maintenant.
  • Finalement moi aussi je suis capable de courir. Je suis passée de 1,80km à 3,40km en moins de trois semaines. Ouais t’as bien lu, j’me suis mise à courir. Pour perdre mon gras sans dépenser un rond. J’y prendrais presque goût, tiens !
  • J’ai adoré me baigner topless dans le lac. On venait de courir 15 min, avec Clémentine, il faisait chaud, on a eu envie de se baigner… Nous voilà en culottes dans le lac glacé, à prendre des coups de soleil sur les nichons. Mais sérieusement, coup de soleil mis à part, je me suis sentie tellement… Libre.

Y ALLER ! :

BAILIEZ CAFE (Ou pas), 41 Town Center, Te Anau

THE RANCH (Un jeudi soir), Off Milford Crescent 111 Town Centre, Te Anau

SANDFLY CAFE (Pour le goûter), 9 The Ln, Te Anau

MILES BETTER PIES (Pour les meilleures pies de Nouvelle Zélande), Milford Rd, Te Anau

DOLCE VITA (Pour les glaces maison), 90 Town Centre, Te Anau

TE ANAU SWIMMING POOL, 18 Howden Street, Te Anau

WILDLIFE CENTER, Lakefront, Te Anau

Bosser à Te Anau – A la plonge!
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