HEIDELBERG, LE ROMANTISME A L’ALLEMANDE



Alors que je me réinstalle doucement à Strasbourg, j’ai eu très vite les genoux qui démangent. L’urgence d’un peu de baroude solo. Comme j’ai activé le mode ‘pauvresse qui économise pour son futur gros voyage’, j’ai décidé de me restreindre aux destinations accessibles en bus/covoiturage à moindre coût pour le temps d’un weekend.

J’ai donc découvert FlixBus. FlixBus, c’est arrivé pendant que je baroudais la Nouvelle Zélande. Il s’agit d’une ligne de bus qui traverse toute l’Europe à prix défiant toute concurrence (le principe –et la couleur- me rappelant avec délice la compagnie Intercity.) Quelques clics sur la carte interactive permettent de voir les départs de Strasbourg, les prix, et après quelques hésitations, mon choix s’est porté sur Heidelberg. 18€ aller/retour.

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Bienvenue à Heidelberg!

HEIDELBERG, CETTE CITE DU MOYEN-AGE

Heidelberg

Heidelberg est apparemment connue dans le monde entier, mais, bien qu’à 1h30 de chez moi, j’y avais jamais mis les pieds. Lorsque je parcours les Internet pour me renseigner, je tombe sur bon nombre d’articles vantant cette ville comme la ville d’Allemagne romantique par excellence, avec sa Vieille Ville, son château médiéval et ses collines verdoyantes. On fait mention de la ville pour la première fois au XIIè siècle, et la ville abrite même la plus ancienne université d’Allemagne (fondée en 1386), ça envoie carrément des étoiles dans mon cœur d’amoureuse de vielles pierres.

Mon weekend improvisé commence par la visite de l’Office de Tourisme en face de la Gare ferroviaire et routière afin de me procurer une carte et quelques infos utiles sur les auberges de jeunesse du coin. Ma carte en main, c’est un Heidelberg pluvieux que je découvre, mais magique dans les rues de la Vieille Ville (Altstadt comme on dit ici) avec ses bâtisses si particulières, ses statues religieuses à tous les coins de rue (littéralement !) et les collines qui se chargent de brume en fond.

Heidelberg

Mes baskets battent les pavés pluvieux, je m’imprègne de la ville, mais lorsque la pluie s’infiltre dans mon hoodie, je m’installe au café La Bohème, pour lire et écrire le temps d’un gâteau aux pommes et d’un chocolat blanc chaud.


LE CHEMIN DES PHILOSOPHES

Philosophenweg

J’attends une éclaircie pour parcourir le Philosophenweg, le « chemin des Philosophes », un chemin autrefois parcouru, comme son nom l’indique par les philosophes qui venaient ici deviser et contempler la ville. Je décide de commencer du côté du Theodor-Heiss Brücke, ce qui me fera redescendre par l’Alte Brücke, le Vieux Pont.

Arrivée en hauteur, l’éclaircie de fin d’après-midi est si fine, si éblouissante, que j’en perds ma mâchoire. C’est la fin d’après-midi, évidemment, ce moment de la journée où la lumière est si particulière, ce moment de la journée que j’affectionne tant. La ville en contrebas se dévoile au gré des rais de lumière qui transpercent les nuages. C’est beau. C’est foutrement beau. Le genre d’endroit, dans la forêt, où la vue est si exceptionnelle qu’elle vaudrait le coup d’être partagée. Effectivement, les couples s’enlacent sur le chemin, prennent la pose, se tiennent pas la main. Je n’ai pas de main à serrer, pas de mots doux à susurrer, mais je m’arrête assez longtemps. Pour contempler. J’essaie d’imprimer la vue dans mon cerveau et l’appareil photo que m’a prêté une amie (oui- je n’ai pas pu ressusciter le mien après sa mort lente dans les rues de Singapour).

Vue d’Heidelberg depuis le Philosophenweg

La descente vers l’Alte Brücke est bucolique, faite de pavés glissants de pluie, dans une pseudo ruelle au lierre grimpant, avec des virages dignes d’un labyrinthe romantique. Le Vieux Pont qui m’attend est splendide, et la vue sur les rives du Neckar au soleil couchant me remplit de joie. Il m’en faut peu. Et ça me manquait.


LE CHATEAU D’HEIDELBERG

Château d’Heidelberg

Après le petit déjeuner géant du Steffi’s Hostel, je me lance à pattes en direction du Château d’Heidelberg, sur les hauteurs de la ville. Il aurait été construit aux alentours du XIIIè siècle, et aurait hébergé plusieurs monarques au long des siècles, notamment tout le gratin du Palatinat du Rhin. Détruit par la foudre, par les guerres, reconstruit, agrandit, ce qu’il reste du château est très impressionnant. Finalement, c’est un peu la vague romantique qui l’a sauvé ce château. Laissé à l’abandon au XVIIIè, c’est un comte français, Charles de Graimberg, qui au XIXè se porta volontaire pour être gardien du château qu’il voulait préserver à des fins historiques et patrimoniales. Et avec tous les artistes romantiques se pressant à ses portes pour le peindre et le dépeindre, ils en firent un emblème intemporel. De fil en aiguille, le château fût habilement restauré et accueille à présent 3 millions de visiteurs par an.

Je photographie la tour rompue sous tous les angles. Cette dernière a été fendue en deux par des charges explosives lors d’une (autre) guerre franco-allemande au XVIIè siècle : le ‘sac du Palatinat’, où le brave Louis XIV décide de mettre la région à feu et à sang pour s’assurer une bonne défensive sur le Rhin. En fait, il s’est foutu toute l’Allemagne à dos, évidemment. La tour rompue est couverte de lierres grimpants, témoin d’un autre temps, d’une autre guerre.

Autour du château, les jardins sont immenses. Et ce matin-là, les jardins sont calmes, ils ne subissent pas encore le déferlement touristique. Les écureuils s’échappent à mon arrivée et je croise un groupe en pleine séance de Taï Chi ou Qi Gong.

Passée la porte d’entrée du château, la cour intérieure est charmante. Il y a une sorte de musée de la Pharmacie, et dans une salle, un énorme tonneau en bois, d’une contenance de 228 000 litres (de vin, évidemment). Là pour le coup, on imagine plutôt bien les orgies au château.

Lierre

Victor Hugo disait, dans Le Rhin (1842) « Je suis arrivé dans cette ville depuis dix jours, cher ami, et je ne puis m’en arracher […]. Ici, à Heidelberg, dans cette ville, dans cette vallée, dans ces décombres, la vie d’homme pensif est charmante. »

Lorsque je ferme les yeux, je me rappelle mes balades au soleil le long de la Neckar, ma sieste sur l’herbe et les Curry Wurst tardives. Je revois les visages de mes hôtes Couchsurfing, deux étudiants adorables qui ont partagé leurs histoires et leurs sourires avec moi (et leurs bières périmées… !) A Heidelberg, j’ai respiré de nouveau. Le charme a opéré, inévitablement, ainsi que la romance douce qui se dégage de cette ville Allemande. L’été touchait à sa fin et les nuages s’échappaient de moins en moins facilement de leurs cloisons faites de collines.


Y ALLER :

FLIXBUS, réserver en ligne

STEFFI’S HOSTEL HEIDELBERG, Alte Eppelheimer Strasse 50, Heidelberg

LA BOHEME CAFE, Steingasse 11, Heidelberg

PHILOSOPHENWEG, départ du pont Theodor-Heiiss

CHATEAU D’HEIDELBERG



 

HEIDELBERG, LE ROMANTISME A L’ALLEMANDE
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