RANDONNER LE ABEL TASMAN TRACK


La randonnée Abel Tasman fait partie des 9 Great Walks de Nouvelle Zélande. Mais qu’est-ce que c’est les Great Walks ? Tout simplement les randos les plus populaires, les plus pittoresques, les plus incroyables du pays. Elles sont maintenues en l’état par le DOC (Departement Of Conservation) très régulièrement, ce qui les rend plutôt accessibles au grand nombre. Du transport à l’hébergement en camping ou en hut, du réseau d’eau potable aux toilettes, ces chemins sont pensés pour les randonneurs.


(Read me in English, baby!)



La randonnée Abel Tasman, elle, se situe au nord de l’île du sud, dans le parc national du même nom, où Abel Tasman, le premier européen arrivé en Nouvelle Zélande, jeta l’ancre le 18 décembre 1642 (ouais, exactement 344 ans avant ma naissance, ça ne s’invente pas). Il s’agit du plus petit parc national de Nouvelle Zélande, mondialement connu pour ses plages de sable doré et ses formations rocheuses.

J’vous cache pas que j’avais vachement hâte de découvrir ça de mes propres yeux. D’autant plus que cette rando est classée « facile » (pas trop de grimpette, donc, ça convient à la baroudeuse en carton que je suis). Le track fait 60 km, et s’étale sur 5 jours. Avec ma team d’Italiens (Alessio l’Italian Lover et Michele, l’Italien rencontré à Nelson), on décide d’en faire un peu plus de la moitié, sur 3 jours et deux nuits. Environ 37km de marche, à raison de 3-4 heures par jour. On réserve nos places de camping et notre voyage en water taxi auprès du DOC/I-Site de Nelson ,on bourre nos sacs à dos de bouffe, d’eau, et de matos (tente, réchaud, casserole, sacs de couchage, etc), et c’est parti mon kiwi !



JOUR 1 : MARAHAU – AWAROA – BARK BAY (13,5 KM)



On laisse les voitures à Marahau et on prend le water taxi jusqu’à Awaroa. Les trois prochains jours on fera le chemin inverse jusqu’à Marahau. Pourquoi le water taxi ? Et bien, il n’y a pas d’accès au parc national Abel Tasman par la route, seulement par voies naviguables (si c’est pas cool, ça ?!). Du coup, à bord du water taxi on a un aperçu complètement inédit des paysages que l’on va traverser les trois prochains jours. C’est magnifique. On aperçoit la Split Apple, un phoque qui se prélasse («  a massive male »), et surtout… Des plages de rêve.



On débarque du bateau à Awaroa Bay. Wow. Je suis absourdie par la plage sur laquelle on a posé les pieds. Du rêve ensablé qui chatouille les orteils. Le temps d’un thé et de reprendre nos esprits face à ce spectacle, et on se met en route ! Ça monte, ça descends, je découvrirais bientôt que ce sera notre lot quotidien, on prend de la hauteur dans les montagnes et on redescend sur des plages de carte postale.

D’ailleurs on fait notre première pause à Onetahuti Bay (une des plus longues plages du parc) pour dévorer nos sandwichs. A la table à côté (et c’est important pour la suite de l’histoire) y’a ce jeune blondinet qui voyage tout seul. On se salue vite fait. Aujourd’hui on va traverser des forêts denses, quelques ponts, voir des cascades. Il fait super beau, c’est parfait. Evidemment je suis lente, mais j’me plains pas. En fait… Je crois bien que j’aime ça, tout en sueur et haletante que je suis.



On arrive en fin de journée à notre camping à Bark Bay. Eau potable, toilettes, cuisine, c’est tout confort par ici ! Et j’aperçois même le blondinet de cet aprèm. Et comme je voyage avec deux Italiens, qu’est-ce qu’on mange ce soir ? DES PÂTES BIEN SUR ! Ce soir je vais dormir dans une tente pour la première fois depuis Dieu sait combien de temps. Grande nouvelle : le sol c’est dur et froid.



JOUR 2 : BARK BAY – TE PUKATEA BAY (11,5 KM)



Au réveil, les environs sont magiques. Sable blond, soleil pétant, eau turquoise… Malgré la nuit froide et courte (c’est fou comme les oiseaux gueulent dès que le soleil se pointe !), un tel paysage apaise forcément les esprits les plus embrumés et agités.

Sur la plage, j’aperçois le blondinet qui se lave dans la mer. La mer doit être à au moins – 8000°C, mais pour lui tout va bien. Il doit être Allemand, les Allemands sont tellement badass en rando. . Un bon petit déjeuner à base de beurre de cacahuète et de fake Nutella, et nous voici repartis pour de nouvelles aventures. On avait espéré que nos backpacks seraient un peu moins lourds que la veille, mais en fait non. C’est clair, on a BEAUCOUP TROP emmené de choses avec nous.



On remonte. Dans la jungle luxuriante. Des fougères, des cascades et… Un pont suspendu de 47m de long. Le Falls River Swing Bridge. J’avoue que depuis que des potes ont vécu l’effondrement d’un pont suspendu alors qu’ils étaient en train de le traverser, je suis plus très sereine. D’ailleurs, j’avance lentement et j’ose à peine regarder autour. C’est une sacrée expérience, cela dit. Cette impression d’être une vraie baroudeuse pour une fois.



Près de Torrent Bay, il existe deux chemins pour rejoindre Anchorage, soit par le track qui continue dans la jungle, soit par la plage à marée basse. On choisit évidemment la deuxième option, qui, non seulement a l’avantage d’être plus courte, mais aussi, va nous permettre une sacrée expérience : randonner pieds nus dans le sable gorgé de flotte. Ce qui ne s’avère pas évident du tout au final !

Sur le chemin je recroise le blondinet. Il nous devance toujours, avec son bâton de Gandalf. Il a l’air tellement plus expérimenté que nous, avec cette allure si Allemande (d’ailleurs on finit par l’appeler « The German Guy »). J’apprends qu’il se fait le track en entier à lui tout seul, mais qu’en plus de tout ça il s’est enfilé tout le Inland Track. En tout, une bonne semaine de marche. La grande classe, le jeunot. Il m’impressionne, j’aimerais être un peu plus comme lui, mais quelque part cela me semble bien au delà de mes capacités…



On arrive à Anchorage, qui comme son nom l’indique est le lieu privilégié des bateaux et des fêtes privées. Comme on est encore qu’au printemps, rien de tout ça encore, la plage et la baie ne sont pas encore surpeuplés. D’ailleurs on trouve même une Go Pro dans le sable… Remplie de photos de vacances d’un couple qu’on a croisé quelques heures plus tôt… On la garde au cas où.

On voulait aller aux Cleopatra’s Pools, mais comme on a fait nos feignasses (1 française + 2 italiens = lézardage à la plage), on a plus le temps!  Il nous faut encore une bonne demie heure pour atteindre notre campement, plus en retrait, à Te Pukatea Bay. On monte la tente, on pose nos backpacks et on monte faire un tour sur le Loop Track qui nous donne une vue imprenable sur la baie. Je me pose ensuite sur la plage avec Harry et son école de sorciers et JE PROFITE !



JOUR 3 : TE PUKATEA BAY – MARAHAU (12,4 KM)



Ce matin, avec la vue de paradis que j’ai devant moi, je suis déjà toute triste de finir l’aventure aujourd’hui. Surtout que j’ai pas encore vraiment prévu comment m’organiser pour la suite. Je sais que je veux aller à Oamaru. Je sais que je veux tester le train, le TranzAlpine qui va de Greymouth à Christchurch. Mais comment aller à Greymouth (plus de 5h de route depuis Marahau ?) Bon, on verra plus tard, je devrais pas penser à ça maintenant.



De retour sur la plage d’Anchorage, on aperçoit quelqu’un qui semble chercher quelque chose dans le sable… Mais c’est le gars de la Go Pro! Une chance sur un million de le retrouver celui-là! Il nous dit qu’il est revenu exprès pour essayer de retrouver sa Go Pro, parce que y’a toutes ses photos de vacances dedans! Il est tellement heureux qu’il donne même de l’argent à Alessio. On quitte la plage le cœur léger d’avoir donné le sourire à quelqu’un aujourd’hui.



Le paysage change doucement, sur les hauteurs c’est sec et aride, broussailleux. On recroise « The German », cette fois il est accompagné d’un couple franco/US-suédois, Jean-Baptiste et Maria. On décide de faire cette dernier portion de route tous ensemble. J’apprends en fait que Lars, « The German », n’est pas du tout allemand. Il vient des Pays Bas ! Quel choc ! Je rigole de mes préjugés et de ces foutus clichés.

On ressemble à une colonie de vacances tous les six à la queue-leu-leu. On prend des selfies comme si on était amis depuis plusieurs jours. On se découvre, on parle de l’après, on est enthousiastes ! Quand on passe le panneau « Abel Tasman National Park” qui indique le début (et donc la fin) du track, je suis submergée par une vague de sentiments contradictoires.



Je l’ai fait bordel. J’ai randonné pendant plusieurs jours pour la première fois. En Nouvelle-Zélande en plus! J’ai pris un bateau, j’ai vécu dans un décor de carte postale pendant 3 jours, j’ai fait du camping, j’ai sué, j’ai ri. Maintenant je pourrais pleurer. Je suis fière, si tu savais! Je suis soulagée que ce soit terminé, et pourtant, j’en veux plus. Je suis heureuse, et pourtant je suis anxieuse.

Je fais quoi maintenant?

Je suis heureuse. Je l’ai fait!

Je veux pas partir!

Je veux une douche!

Je veux pas partir!

Je veux dormir dans un vrai lit!

Je veux VRAIMENT pas partir!

Je fais quoi maintenant?



Y ALLER :

ABEL TASMAN COAST TRACK, Marahau – Wainui

AQUA TAXI, 275,Sandy Bay Marahau Rd, Marahau

DOC /I SITE DE NELSON, 77 Trafalgar Street, Nelson



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