OAMARU, LES PINGOUINS, ALICE AU PAYS DES MERVEILLES & MOI


Après mon grand périple de 4 jours où j’ai traversé l’île du Sud de Motueka à Oamaru en autostop et en train, me voilà enfin arrivée à Oamaru à temps pour le Victorian Heritage Festival, un festival de 5 jours sur le thème d’Alice au Pays des Merveilles! Oamaru est une ville côtière du sud de l’Île du Sud de la Nouvelle Zélande, dans la région de l’Otago. La ville m’intrigue beaucoup, elle est connue pour son héritage Victorien, son musée Steampunk, la douceur de son climat, mais aussi pour la possibilité d’y voir des pingouins dans leur milieu naturel !


(Read this post in English, baby!)



EN VOLONTARIAT CHEZ KRISTIN ET JOEL



J’arrive ainsi à Oamaru chez Kristin et Joel, leurs deux chiennes, Mischa et Reign, leur chatte Molly et leurs deux jeunes poulettes. Je suis logée chez eux en volontariat pour m’occuper de leur jardin. Kristin est Allemande, elle a rencontré Joel lors de son PVT. C’était en 2013. Maintenant ils vivent ensemble dans cette jolie maison avec jardin à Oamaru. Joel est électricien, et Kristin s’occupe de leur Air BnB, et de l’aménagement de la maison. Sa spécialité, tout ce qui est seconde main. Elle retape des meubles, couds des rideaux, des coussins, des vêtements. Elle ne manque jamais d’idées !

Depuis quelques temps c’est le début du printemps, et de ce fait, le jardin de Kristin et Joel a besoin d’un bon coup de ciseaux. C’est la jungle. Et Kristin espère avoir un beau jardin pour son anniversaire, dans deux semaines pour y inviter des amis et faire un barbecue (elle aussi rêve d’un barbecue en décembre, ce qui est enfin possible en Nouvelle-Zélande où les saisons sont inversées par rapport à l’hémisphère Nord !). Je vais passer 2h30 par jour à nettoyer tout ça, désherber, déraciner, ratisser, couper. A la fin de la semaine, je suis assez fière de moi, ça ressemble à quelque chose !



En échange du jardinage, je suis logée dans une grande chambre, dans un lit double. Je peux aussi y faire ma lessive, prendre un bain dans la baignoire super vintage de Kristin, un thé à la main (merci encore Kristin !), et on va même cuisiner la meilleure tarte fraise/rhubarbe/meringue du monde. Avec Kristin on s’échange nos souvenirs d’aventures de backpackeuses en carton, de nos angoisses de conductrices à nos premiers pas de voyageuses solo. Elle me fait visiter Oamaru et on va promener les chiens dans des endroits superbes comme Cape Wanbrow, la Herbert Forest, et les Moeraki Boulders. Les Moeraki Boulders sont assez célèbres d’ailleurs, ce sont des roches rondes improbables posées sur la plage. Il paraît que l’érosion aurait créé ça !



VOIR DES PINGOUINS DANS LA NATURE



Pendant mon séjour, je vais aussi avoir le plaisir d’aller voir… les pingouins. Pas dans un zoo, pas en captivité, mais dans la nature, dans leur habitat naturel. En effet, à Oamaru se trouve une colonie de Blue Penguins, les pingouins bleus, les plus petits pingouins du monde ! Ces bêtes-là sont natives de Nouvelle Zélande et en danger d’extinction. Du coup, aller les regarder, au crépuscule, se fait de manière plutôt encadrée. Il est possible de les apercevoir traverser la route de l’autre côté du port d’Oamaru. Les pingouins passent la majorité de la journée à pêcher dans l’océan et reviennent, le soir venu, dans leurs nids, sur les terres. De leur démarche maladroite et apeurée, les Blue Penguins tentent de traverser la route, chaque soir. Il est important que les voitures ralentissent, et que les gens venus voir le spectacle gardent leurs distances, du coup, il y a un personnage que j’ai nommé tendrement Mr Pingouin, armé de son gilet orange fluo, qui fait la circulation, stoppe les voitures et engueule les touristes trop curieux qui interfèrent dans la marche quotidienne des pingouins.

Je suis fascinée. Au bout d’un moment, il fait trop sombre pour que je puisse faire des photos décentes et identifier clairement les pingouins, mais c’est quelque chose que de voir ces petites créatures avancer sur la route, courir un peu, s’arrêter, faire demi-tour, revenir… Dans la nature. Autant ils sont super gracieux dans l’eau, autant sur la terre ils sont tout maladroits.



Près des Moeraki Boulders se trouve une autre colonie de pingouins que l’on peut visiter gratuitement, les Yellow Eyed Penguins, les pingouins aux yeux jaunes. L’endroit est magnifique. Katiki Point, son phare et ses collines verdoyantes. On peut y admirer pingouins et phoques, soit caché dans une petite cabane d’observation, soit plus loin, sur le chemin qui longe la réserve. Ils sont un peu plus grands que les Blue Penguins, mais tout autant en danger d’extinction. C’est pourquoi il ne faut pas franchir les barrières, ne pas perturber leur vie quotidienne. Ils se prélassent dans l’herbe, batifolent, je prends 1000 photos tellement je les trouve superbes. Des phoques à fourrure jouent et se dorent la pilule pas loin de là… Pour moi c’est surréel, de côtoyer et d’apercevoir ces bestioles dans leur habitat naturel. Je pourrais rester des heures à les contempler vivre.



LE QUARTIER VICTORIEN D’OAMARU (THE VICTORIAN PRECCINCT)



L’un des intérêts principaux d’Oamaru, excepté les pingouins évidemment, c’est son héritage Victorien. Dans la vieille ville, il y a un quartier appelé le Victorian Preccinct où les vieux bâtiments historiques ont été construits dans une roche calcaire provenant des carrières environnantes (quarried limestone), ce qui leur donne une teinte très lumineuse ! Au XIXème siècle, Oamaru était aussi un important port de commerce, avec de l’export notamment de laine et de grains.

De nos jours, pour renforcer cette atmosphère Victorienne, les vieux bâtiments hébergent à présent des galeries d’art, des boutiques, des ateliers d’artisans et de nombreux cafés et restaurants ! Les vieilles bâtisses historiques côtoient des magasins de seconde main, des boutiques de robes du XIXème siècle, et un glacier étonnant (Crazy Moo et ses parfums quelque peu inhabituels !), un musée du steampunk, un relieur, des ateliers de sculpteurs de limestone et même une aire de jeu steampunk !

Oamaru tire même parti de son héritage Victorien pour se proclamer capitale du steampunk ! Excentrique, Oamaru ?



OAMARU, CAPITALE DU STEAMPUNK



Et il semblerait que ce musée du steampunk, Steampunk HQ, puisse se visiter à tarif réduit (voire gratuit) si t’es une meuf et que tu fais un grand sourire au propriétaire. C’est le genre de comportement qui m’agace d’ordinaire, mais j’étais trop curieuse de ce musée pour y prêter trop d’attention. Parce que, bordel, il y a une locomotive géante devant l’entrée qui accueille les visiteurs avec des bruits de train et de la fumée ! Et même un ballon dirigeable !



Ce musée improbable a été créé en 2011 dans l’ancien bâtiment à grains du quartier Victorien par un groupe de geeks super créatifs. Ils voulaient mettre en avant leurs visions du genre steampunk, ce mouvement issu de la Science-Fiction qui s’amuse à imaginer un monde présent ou futur alternatif avec des machines à vapeur très furturistes, le tout très librement inspiré du XIXème siècle. Pense Nausicaa, Doctor Who, Jules Verne.

A l’intérieur du musée, il y a de grosses piles de bazar, de bibelots, un gros bric à brac de trucs improbables, de sculptures faites de matériaux recyclés, avec de la music new-age qui joue en fond. Et ce qui deviendra mon attraction favorite : THE PORTAL. Une pièce remplie de miroirs et de lampes colorées suspendues au plafond. Cet endroit est clairement fait pour les curieux, il n’y a pas forcément de s’y connaître en steampunk pour apprécier la visite !



LA LIBRAIRIE ADVENTURE BOOKS



Un de mes endroits favoris ? La librairie Adventure Books. Une librairie de livres d’aventures et de voyages, avec un vrai bateau à l’intérieur. OUI. UN BATEAU. Bill, le gérant me serre chaleureusement la main et m’appelle « confrère » quand je lui demande si je peux prendre des photos de sa boutique et que je lui raconte que, moi aussi, avant j’étais libraire. Il m’explique alors qu’il est un grand collectionneur, et à un moment donné, quand il n’a plus eu de place dans sa maison pour ses livres, il a bien fallu acheter une boutique. Je souris. Et je déambule dans les rayonnages de livres sur l’Antarctique, les montagnes, les randonneurs célèbres, les guides de voyage, les cartes du monde, les récits d’aventures, etc.

Je lui explique la frustration du backpacker, qui ne peut que contempler les rayonnages avec envie, mais qui ne peut absolument rien acheter parce que… Les livres ça pèse lourd et qu’il en a déjà trois dans son sac. S’il y a bien une chose qui me manque à ce moment-là, c’est bien de pouvoir remplir ma bibliothèque personnelle et d’accumuler des piles et des piles de nouvelles histoires, de vies possibles et probables, de savoirs et de curiosités en tous genre.



Lors du Victorian Heritage Festival, Bill a organisé un atelier de partage d’expériences de voyageurs qu’il a appelé « Traveller’s Tales » (Contes de Voyageurs). Les gens étaient invités à venir parler de certaines de leurs aventures et/ou voyages les plus passionnants et palpitants (un peu comme Alice dans le terrier du lapin blanc). Je n’ai pas osé parler de mes propres expériences, mais j’étais vraiment curieuse d’écouter les autres raconter leurs anecdotes. Alors je me suis assise et j’ai écouté ces dames raconter comment elles avaient été élevées dans un cirque, ou leurs vies dans un phare ! Il n’y a rien de mieux comme décor que celui d’une librairie pour écouter des gens raconter leurs vies. J’avais toujours pensé que les aventures et les expériences insolites étaient réservées à une certaine catégorie de personnes, comme si cela pouvait se voir sur leurs visages ou leurs vêtements, que cela impliquait forcément d’être riche ou excentrique. J’ai sûrement regardé beaucoup trop de films. Parce que les personnes assises là, dans cette petite librairie d’Oamaru, n’étaient pas si différentes de moi. Elles ont toutes fait des choix, elles ont composé avec ce qu’elles avaient, elles ont essayé des styles de vie différents. Et leurs vies ont simplement été vécues. Cela m’inspire bien assez pour me continuer à avancer dans la direction que j’ai choisie avec l’obtention de ce PVT pour la Nouvelle-Zélande.



LE VICTORIAN HERITAGE FESTIVAL



Pendant 5 jours, Oamaru a vibré avec le Victorian Heritage Festival. En cette année 2015, le thème principal était Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll. C’est pour ça qu’Oamaru était mon objectif, c’est pour cette raison que j’ai traversé l’île d’Ouest en Est en autostop et en train : ma curiosité a été piquée. Après tout, je me sens encore libraire, et j’étais intéressée par un festival qui faisait la part belle à ce livre culte ! Pour l’occasion toutes les boutiques de la vieille ville ont joué le jeu, en proposant bijoux, livres, costumes aux couleurs d’Alice. Les gens étaient eux aussi déguisés, que ce soit en personnages du conte de Lewis Carroll, en costume du XIXème siècle ou encore en steampunk. Tous les âges, toutes les générations ont joué le jeu, c’était assez impressionnant à voir !



Au programme de ce festival, des tea-parties dans les Public Gardens, dans la Masonic House, au terrain de jeu steampunk. Je suis devenue une grande adepte des balades aux Public Gardens, j’y fait un tour presque tous les jours, et je m’assieds sur un banc pour lire la suite des aventures d’Harry Potter en Anglais au milieu des fleurs colorées. J’adore le fait que je peux passer devant la cage de Jimmy le perroquet et essayer de le faire parler. Kristin m’a dit qu’il ne parle pas à tout le monde. Tu dois être l’élu.e.



Il y avait aussi une fête de rue avec des étalages de nourriture et de bijoux, une parade, des conférences, concerts, bals, visites guidées, des chasses au Snark, des jeux de croquet, un concours de sculpture, etc… Je suis allée à quelques tea-parties et j’ai échangé avec quelques Kiwis qui venaient de partout dans le pays pour assister au festival ! Pour moi qui suis fascinée par l’histoire de Lewis Carroll, l’Angleterre du XIXème et qui raffole de thé, j’étais très impatiente de participer à ce festival…



Cependant, je n’ai pas vraiment profité du festival comme je le voulais. Le samedi 14 novembre vers midi (le 13 novembre, vers minuit en France), j’apprends ce qu’il se passe à Paris. Les attentats au Bataclan. Je panique totalement en lisant les quelques nouvelles confuses qui jalonnent internet et les réseaux sociaux. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, je suis bouche bée, interdite. Ma seule urgence étant d’essayer d’entrer en contact avec tous mes amis de la capitale, savoir s’ils vont bien, s’ils sont en sécurité, comment ils se sentent. Au fur et à mesure de la journée, je découvre l’horreur, l’indicible. Quelques personnes ici m’en parlent, je ne sais même pas quoi en dire.

Être ici, en Nouvelle Zélande, à l’autre bout du monde, dans ce pays si calme, m’a presque fait oublier les horreurs de l’hémisphère nord. J’en ai oublié que la cruauté était possible. J’ai reçu un bon coup de fouet dans la gueule. Et j’étais toute seule. Je suis passée par pleins de stades, le choc, l’abattement, la culpabilité, la colère, l’inquiétude. Je remercie les quelques amis qui m’ont aidée à procéder mon choc, même via Messenger ou What’sapp, ça a beaucoup compté. Les Kiwis ont été très touchés par ce qui s’est passé, j’ai eu droit à des sourires et des paroles réconfortantes. Eux aussi doivent se dire que le monde est fou.



Même si je n’ai pas pu profiter du festival comme je le voulais, j’ai quand même réussi à atteindre l’objectif que je m’étais fixé à Nelson : aller voir à Oamaru si j’y suis pour assister au Victorian Heritage Festival. La route pour y arriver a été une grosse aventure, et la dizaine de jours passée ici a été calme, reposante et … gourmande !

Je finalise ici mon départ pour Stewart Island au mois de décembre, pour aller fumer du saumon pendant un mois ! mais il y a encore de la route à faire… Je brandis mon pouce dans les airs, et je pars en stop pour Dunedin.



CE QUE J’AI APPRIS :


  • A cuisiner une tarte fraise/rhubarbe meringuée (et accessoirement je sais maintenant comment cuisiner la rhubarbe).
  • Les mots « wheelbarrow », « rake » et que pour les kiwis le « tea » c’est aussi le dîner.
  • J’ai pu parfaire ma technique de weeding et de cleaning e jardinage.
  • Le meilleur moment pour apercevoir les pingouins c’est au crépuscule, car après avoir passé la journée à chasser dans l’océan, ils reviennent aux nids, sur les terres, pour la nuit.
  • Prendre un bain, ça m’avait manqué.
  • Je me suis tellement habituée au lit simple que je me suis même pas étalée dans le lit double.


Y ALLER :

OAMARU VICTORIAN FESTIVAL, Victoria Precinct, Oamaru

OAMARU STEAMPUNK HQ, Tyne St, Oamaru

OAMARU ADVENTURE BOOKS, 7 Harbour St, Oamaru

GRAINSTORE GALLERY, 9 Harbour St, Oamaru

THE GADGETORIUM, Victoria Precinct, Oamaru

OAMARU DEJA MOO, Harbour St, Oamaru

OAMARU PUBLIC GARDEN, au centre d’Oamaru

OAMARU POOL, 20 Thames St, Oamaru

CAPE WANBROW, au sud d’Oamaru

OAMARU BLUE PENGUINS, Waterfront Road, Oamaru (juste avant le centre, on peut aussi les apercevoir gratuitement)

MICHAEL O BRIEN BOOKBINDER, 7 Tyne St, Oamaru

MOERAKI BOULDERS, Moeraki, entre Oamaru et Dunedin

KATIKI POINT, Moeraki Peninsula



OAMARU, LES PINGOUINS, ALICE AU PAYS DES MERVEILLES & MOI

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