Mount Cook et Lake Tekapo en autostop

Ce matin-là je remonte l’artère principale de Wanaka, afin de trouver le meilleur spot pour faire du stop. Je repense à mes derniers instants à Wanaka, notamment cette française rencontrée au Hollys Backpacker qui m’a reconnue grâce à l’article paru sur PVTistes.net. J’ai du mal à y croire, une inconnue avait lu mes aventures… ! Ça m’a regonflée à bloc en estime et je suis plutôt confidente quant à la suite.

Je lève ma pancarte pour Mount Cook qui se situe à un peu plus de deux heures de trajet d’ici.

Hooker Valley

HITCHIKER’S GUIDE TO AORAKI

Ce matin donc, je pars de mon hostel vers 8h20 (oui je me rappelle je l’ai noté dans mon travel book) et je remonte la rue principale jusqu’à trouver un spot de stop convenable. Un français me prend en stop pour quelques 5 km, il bifurque à Albert Town. Mais c’est cool, ça m’avance un peu. Ensuite, c’est un allemand qui m’embarque pour environ 10 km, il part bosser à Cromwell. Il me dépose en quelques sortes au milieu de nulle part, au carrefour entre ceux qui vont de Wanaka vers Cromwell et ceux qui vont en direction de Mount Cook. Je m’assieds sur mon backpack, je me roule des cigarettes dans le vent (Oui, mais non t’inquiète j’ai arrêté depuis – oui c’est nécessaire de le répéter) et je bouffe quelques barres de céréales. J’attends, quoi. Toutes les voitures vont vers Cromwell en fait. Je suis au milieu de rien, il y a des vaches à ma droite, et la route.

Au milieu de nulle part, je fais du stop

Finalement, John me prend en stop. John c’est un kiwi dans la cinquantaine-soixantaine, et il a jamais pris personne en stop. J’suis tout fière d’être sa première auto stoppeuse ! Il trimballe une moto à l’arrière, c’est son truc, ça la moto. Il roule en direction de Christchurch, il rentre chez lui. On traverse les montagnes de la Lindis Valley et il me dépose finalement à Omarama.

Là, j’ai même pas le temps de lever mon pouce, deux voitures pleines de chinois s’arrêtent ! Lui et Ami sont chinois, ais vivent et travaillent à Tokyo. Ils parlent aussi très bien anglais et sont en vacances avec la famille de Lui lors de la Golden Week (cette semaine de vacances pour les japonais) en Nouvelle Zélande. Ils vont à Mount Cook aussi et auraient bien besoin d’un GPS… Et comme j’ai de la data sur mon smartphone, ils m’embarquent ! C’est rigolo, Amy s’excuse parce qu’ils vont faire pleins d’arrêts photos : ‘tu comprends, nous les Chinois on prend pleins de photos…’ Non, mais moi ça me va parfaitement parce qu’on passe devant le lac Pukaki d’un bleu turquoise intense et improbable. Comme Tekapo, Pukaki est un ancien glacier, et certains sédiments de cette époque leur donne cette couleur turquoise. Dans la voiture, Amy et Lui me posent pleins de questions sur mon voyage et le Working Holiday Visa. Lui traduit en même temps à sa maman qui ne parle pas anglais. Tu vis, depuis que je fais du stop j’ai toujours eu tendance à penser que les chinois ne prenaient jamais d’auto stoppeurs (notamment parce que parfois ils parlent pas anglais, du coup c’est pas très pratique), et bien là je suis bien contente de m’être trompée !

J’arrive finalement à Mount Cook Village vers midi. Il pleut des trombes d’eau, tout est embrumé, la montagne se cache dans la purée de pois…


AORAKI/MOUNT COOK

Le YHA est plein, blindé. Ils transforment une chambre familiale de 3 personnes en un dortoir que je partage avec Kensuke, un japonais en vacances (c’est la Golden Week, le YHA est peuplé de japonais !). C’est ma première fois dans un YHA (oui, je suis plutôt BBH moi), et je dois dire que celui-là est vraiment cosy. Il est plutôt grand mais très confortable. Il y a même un sauna et une salle pour sécher tes fringues de randonneur trempé. J’y retrouve Sandrina de Roys Peak, et notre balade du village est écourtée par la pluie tonitruante (en moins de 20 minutes, la pluie a traversé nos vestes et chaussures). Je me booke une nuit de plus, hors de question de partir sans avoir vu Mount Cook.

Aoraki

Mount Cook, c’est le sommet le plus haut de Nouvelle Zélande. Il culmine à 3 724m. Ca a été un gros challenge pour beaucoup d’alpinistes, nombreux sont ceux qui y ont trouvé la mort. Il s’agissait aussi de l’escalade préférée de Sir Edmund Hillary, qui l’a gravit pour la première fois en 1984. Selon la légende maorie, Mount Cook, nommé Aoraki était l’un des fils de Rakinui, le Père de tout, l’origine de la création. Dans leur voyage sur la Terre Mère, Papatuanuku, leur canoë s’est retrouvé coincé dans les récifs. Aoraki et ses frères grimpèrent au sommet de leur canoë, mais le vent glacial les gela sur place et les transforma en pierre. Le canoë devint l’Île du Sud, leur proue les Malborough Sounds, l’ancre Stewart Island et Aoraki, le plus grand de la fratrie devint la plus haute montagne de Nouvelle Zélande, tandis que les corps de ses frères créèrent les Alpes du Sud. Aoraki est ainsi une montagne sacrée, représente le lien entre le monde supranaturel et naturel. Au vu de sa sacralité, Aoraki ne devrait pas être escaladé, c’est pourquoi les Maoris pensent que la plupart des alpinistes y ont trouvé la mort.

Le lendemain, le soleil brille, le ciel est bleu. Avec Sandrina on se lance sur le Hooker Valley Track (4h aller-retour), un chemin plat mais plein de surprises. Il s’agit du chemin le plus populaire pour les touristes. On comprend vite pourquoi, il est très facile et les vues sont plus étonnantes les unes que les autres. On traverse trois swing bridges pour finir à Glacier Lake là où j’aperçois mon premier iceberg et où j’ai le tournis des vues sur Mount Cook, Hooker Glacier et les Alpes du Sud. Aoraki est majestueux. Pas étonnant qu’il soit sacré pour les Maoris.

Sandrina prend son bus vers midi pour Lake Tekapo. Son planning est prévu au millimètre près, elle n’a que peu de temps pour explorer la Nouvelle Zélande. Je dis au revoir à mon amie, me sentant toujours si reconnaissante de trouver des gens aussi chouettes sur mon chemin.

Sandrina & me

L’après-midi, après une visite au DOC, j’enchaîne avec le Kea Point Track (2h30 aller-retour) qui lui aussi donne des points de vue superbes sur Mueller Glacier Lake, Mount Cook et la Hooker Valley. Le paysage est merveilleux ici. Le village est isolé de tout, mais je me verrais bien y vivre. Surtout quand le soleil fait scintiller les montagnes et que les nuages s’accrochent aux sommets. Je m’octroie des pauses Geocaching qui m’emmènent dans les broussailles.

Il parait que le temps va se dégrader carrément le lendemain… C’est con, j’ai prévu de faire du stop pour aller au Lac Tekapo. Dans mon dortoir, un anglais me propose de m’emmener. Sa voiture est déjà pleine, mais si quelqu’un se désiste, promis il m’emmène. Je me fais pas trop d’illusions, mais j’apprécie la proposition.


HITCH HIKER’S GUIDE TO TEKAPO

Bon. Il pleut des cordes, il pleut comme vache qui pisse, il pleut des chats et des chiens comme on dit ici. La voiture d’Alex est pleine, personne ne s’est désisté (en même temps tu m’étonnes avec ce temps de chiottes !).

Je tends ma pancarte au bord de la route, mais la pluie la délave. J’essaie d’enlever ma capuche chaque fois qu’une voiture passe, il paraît que les voitures sont plus susceptibles de s’arrêter lorsqu’elles peuvent voir le visage de l’autostoppeur. J’me prends des saucées dans la face. J’attends presque une heure, comme ça, au bord de la route, sous la pluie tonitruante. C’est ça le truc, les voitures veulent pas me prendre, je vais mouiller leurs sièges en cuir, tu vois. Finalement, un couple s’arrête. Ils me disent qu’eux aussi ils ont déjà fait du stop sous la pluie, que c’est la misère, qu’ils ne vont pas à Tekapo mais à Queenstown, mais qu’ils peuvent me déposer en chemin, à Twizel pour que je sèche et mange un bout. J’accepte volontiers.

Twizel Break

Le ciel est bleu à Twizel, je sèche, et je mange un muffin avec un chai latte au Shawtys, un café bien sympa. A côté de moi, un groupe de cyclistes. Ils doivent avoir la soixantaine. On discute un peu. Ce sont des locaux, ils me posent pleins de questions sur mon voyage et ils me demandent si j’aime la Nouvelle Zélande (OUI !). Je me relance sur la route et en même pas 5 minutes je suis récupérée par un van décoré façon ‘Le Seigneur des Anneaux’. C’est une maman, d’origine anglaise et ses deux enfants. Elle vit en Nouvelle Zélande depuis 18 ans, elle a ce business de guide de la région, où elle propose des tours en rapport avec les films de Peter Jackson. Elle me dit qu’elle a été figurante dans le Hobbit 3, elle était une villageoise du bord du lac Pukaki. Elle me laisse boire son café, et me raconte comme elle en pouvait plus d’avoir rencontré Peter Jackson, c’était un de ses rêves, elle en est encore très émotive aujourd’hui. Elle me raconte aussi les journées interminables de figurant. Je l’aime bien, elle est drôle et gentille. Elle me dépose au YHA de Tekapo et à peine sortie de son van je croise Alex, l’anglais de Mount Cook avec Jesus (Espagne), Alexandra (Pays Bas) et Martha (UK). Ils partent en balade à Mount John. J’peux me joindre à vous ?


LAKE TEKAPO

Nous voilà en route pour Mount John. Au sommet la vue est terrible, le vent aussi. Sérieusement, j’ai jamais été face à un tel vent : le genre de vent qui peut te faire décoller du sol, qui t’empêche littéralement d’avancer, qui siffle dans tes oreilles. On choisit le chemin de retour à découvert, qui longe le rivage du lac, j’ai cru m’envoler 42 fois. En fin d’après-midi, avec Jesus et Alex on se donne rendez-vous au Spa qui fait face au lac. Les piscines à 38° ça détend. J’me trempe même dans l’eau glaciale avant d’aller dans le sauna. Même pas peur, mais j’ai les tétons qui pointent.

Martha et Alexandra nous rejoignent pour contempler le ciel étoilé de Tekapo. Ici, il paraît qu’on a le ciel le plus clair de Nouvelle Zélande. Alors que déjà en général la Nouvelle Zélande est extra pour les cieux étoilés car il y a peu de pollution lumineuse, Tekapo c’est le top du top. On y aperçoit la voie lactée, des étoiles filantes et même une comète, allongés là sur le parvis de la Church of the Good Sheperd, cette église emblématique. Construite en 1935, cette église en pierre est devenue une perle pour les photographes. Comme mon appareil est pas assez expérimenté pour les prises de vue nocturnes, j’peux m’estimer heureuse si j’arrive à capturer un point blanc dans le ciel. On parle de la vie, de la mort, on scrute le ciel. Le temps s’est arrêté. Jusqu’à qu’un chinois nous sors de notre rêverie et fais de grands gestes. Ouais, tous les cinq sur le parvis on le gêne dans ses photos…

Sous les étoiles

Le lendemain, Alex, Jesus et Alexandra reprennent la route, on se rejoint tous pour un petit déjeuner. Je loue un vélo à l’auberge et je pars pédaler du côté de Lilybank, côté est du lac. C’est un VTT tout neuf, je m’éclate, je peux vraiment aller partout avec ! Je me la coule douce au bord du lac, pars à la recherche de quelques Géocaches et finalement je rejoins Martha et Emma, une autre anglaise de l’auberge pour scruter le ciel à nouveau.


Balade à vélo

Je l’avoue j’avais un peu d’appréhension à retourner sur la route toute seule. Surtout après avoir passé deux mois et demis à Te Anau, des vacances à Bali avec mes copines et des aventures dans l’Otago avec Julien, Kim, Charlie & César. Finalement, je prends toujours autant plaisir à me laisser porter par l’imprévu et l’inconnu inhérents à l’auto-stop. J’aime aussi les rencontres fortuites dans les auberges, et surtout, ce sentiment de liberté lié inextricablement à l’immensité des paysages. D’ailleurs, Martha aussi va à Christchurch demain. On va lever notre pouce ensemble.

Y ALLER :

YHA MOUNT COOK4 Bowen Dr, Mount Cook National Park

HOOKER VALLEY TRACK & KEA POINT TRACK

SHAWTY’S4a Market Pl, Twizel

YHA TEKAPO, 3 Simpson Ln, Lake Tekapo

MOUNT JOHN TRACK & LILYBANK TRACK

TEKAPO SPRINGS, 6 Lakeside Dr, Lake Tekapo

Mount Cook et Lake Tekapo en autostop
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3 thoughts on “Mount Cook et Lake Tekapo en autostop

  • 11 June 2016 at 4 h 43 min
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    C’est sur ce mont là qu’un malheureux alpiniste Français est décédé il y a de cela quelques jours ? Je comprends mieux le désir de voir de plus près ces magnifiques paysages !!!

    Reply
    • 11 June 2016 at 4 h 44 min
      Permalink

      Bisous tout plein et surtout prends bien soin de toi

      Reply
    • 12 June 2016 at 18 h 23 min
      Permalink

      Non, le touriste est mort sur le Mt Taranaki sur l’Île du Nord.

      Reply

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