MOTUEKA – OAMARU EN QUATRE JOURS 1/2: SEULE EN AUTOSTOP


Ce dimanche-là, après avoir randonné le Abel Tasman Track, je quitte Motueka en stop. Alessio m’amène jusqu’à ce petit supermarché de quartier, sur la route supposée me mener jusqu’à Greymouth. Pourquoi Greymouth ? Et bien, lors de mon break à Nelson, je décide d’aller faire du helpX à Oamaru pendant le Victorian Heritage Festival. Cette année, le festival fait la part belle à Alice au pays des merveilles. J’ai vu la brochure à l’I-Site, et je me suis dit que ce serait un bon objectif ça, d’aller voir cette ville de plus près. En plus on peut y voir des pingouins. Cela suffit pour me convaincre!

Seulement c’est à l’autre bout de l’île… Mais heureusement il y a le train, le TranzAlpine, qui relie la côte ouest et la côte est, de Greymouth à Christchurch. Depuis Christchurch, Oamaru est à encore quelques 250km, donc ce voyage s’annonce assez long ! Mais encore faut-il arriver jusqu’à Greymouth…

Je choisis de faire du stop. Toute seule, cette fois.


(Read this post in English, baby!)


Motueka - Oamaru en 4 jours
Motueka – Oamaru en 4 jours

JOUR 1: MOTUEKA – CHARLESTON (238 KM) : FAIRE DU STOP TOUTE SEULE POUR LA PREMIÈRE FOIS



Donc, me voilà, des larmes sur les joues sur le trottoir, d’avoir quitté encore une fois mon Italian Lover. Parce qu’Alessio c’est ma maison aussi, c’est la sécurité, c’est l’assurance de ne plus voyager seule, et la certitude d’être aimée… On se dit « I love you in between », parce que lui et moi c’est ça, ce sentiment si précieux indéfinissable, pas vraiment de l’amour romantique, mais beaucoup plus fort qu’une simple amitié. Il me dit que si quelque chose m’arrive, si je suis perdue, en danger, si personne ne s’arrête, quoiqu’il arrive, je peux l’appeler. C’est comme si, même si nos chemins se séparent, il me protégeait. J’ai (un peu) moins peur.

C’est fou comme j’ai toujours ce besoin de m’élancer, de m’enfuir. C’est fou ce besoin de me mettre en danger. D’affronter seule ce voyage. Je cherche quelque chose, mais quoi ? Toujours est-il que à la minute où j’ai levé le pouce et ma pancarte colorée, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendais…



J’attends moins de 20 minutes et la voiture de Don s’arrête. Il me dit qu’il va à Charleston, pas trop loin de Greymouth. C’est un bon départ. Je monte dans sa Jaguar (sérieux), et j’essaie de faire la conversation (j’en deviendrais presque douée pour le small talk depuis le début de cette aventure il y a 4 mois!) Don a la soixantaine passée, il était dans la Golden Bay parce qu’il fait partie de l’organisation du Luminate Festival de Takaka. Il rentre chez lui après un week end festif. Il est pas très causant, Don, mais il m’offre des bonbons, alors tout va bien. Sur le chemin, on prend Asaf qui fait aussi du stop. Asaf est israélien, et aujourd’hui c’est son anniversaire, il a 27 ans!



Le paysage défile. Des montagnes d’un vert profond avec des nuages accrochés aux sommets. Les nuages sont même accrochés à la route. C’est surréaliste. Je pique du nez, mais chaque fois que j’ouvre les yeux, le paysage est magnifique. Spécialement aux alentours de Murchison, près des Gorges.



Don nous propose de rester chez lui. Il possède un dortoir pour backpackers où l’on peut dormir. La nuit et le dîner sont offerts. Il est presque 19h, moi je dis oui sans hésitation. Et puis je rêve d’une douche depuis que j’ai fini Abel Tasman. Arrivés dans sa maison, je rencontre Ludovic, de Guyane Française, qui passe ses vacances chez Don, et Dog, le chien, qui m’accueille avec enthousiasme. Je prends une douche tiède (la maison fonctionne à l’énergie solaire), on dîne tous ensemble, et on a même droit à des cookies magiques pour le dessert. Cadeau d’anniversaire pour Asaf.

Ludovic nous emmène alors au fin fond du jardin. Pour voir les glow worms, les vers luisants. C’est la putain de forêt enchantée. Il est 22h et quelques, le cookie fait son effet doucement, on éteint nos lampes torches, et la magie opère… Difficile de décrire ce que je ressens à ce moment précis. Un mélange d’émerveillement, d’étonnement, et de reconnaissance infinie d’être là maintenant, avec ces gens que je ne connais pas, dans cet endroit que je ne connais pas, mais où je vis un moment précieux et unique.



JOUR 2 : CHARLESTON – GREYMOUTH (74,3 KM) : DES CANADIENS ADORABLES & DES ROCHERS EN FORME DE PANCAKES



Je dors comme un bébé, et le lendemain je me prépare à faire du stop avec Asaf. C’est quand même plus rigolo quand on est plusieurs. Je laisse un dessin sur le frigo de Don, je caresse Dog une dernière fois et je prends quelques photos de cette maison au bric à brac passionnant.



Au bout de Mill Road, le neveu de Don nous prend en stop et nous amène au centre de Charleston. Non, mais en fait Charleston c’est 3 maisons et c’est tout. Bienvenue en Nouvelle Zélande, les amis. Ou plutôt dans ce qu’il reste de villes minières de l’ouest. La ruée vers l’or a eu lieu ici aussi… Maintenant, on dirait qu’il n’en reste plus que des cités fantômes.



On sort nos pancartes, on lève nos pouces et c’est parti ! Peu de voitures passent… Et pourtant c’est une highwayAsaf se met à chanter en hébreu une chanson d’amour. Je fais face à la route, le pouce levé, et j’entends derrière moi ce chant, triste, profond. J’aimerais graver cet instant dans ma tête. C’est tout aussi improbable et intense que les glow worms de la nuit précédente.



Une voiture s’arrête enfin, après plus d’une heure d’attente. Et là, on tombe sur le couple le plus lovely de la planète : Leanne et Cameron, des Canadiens (évidemment !) en vacances qui font le tour de la Nouvelle Zélande. Ils sont chaleureux, drôles, intéressants, le courant passe tout de suite ! On s’arrête même aux Pancake Rocks tous ensemble pour voir ce phénomène impressionnant.



Les Pancake Rocks, dans le Parc National Paparoa, sont des formations assez étranges de roche calcaire qui ont commencé à se former il y a 30 millions d’années de ça, quand les cadavres riches en calcaire de créatures marines sont venus se déposer sur le fond de mer, et se sont superposés avec des couches de boue et d’argile. Ces couches successives leur donnent une forme de pile de pancakes aujourd’hui ! Quand les conditions météorologiques sont optimales, les vagues viennent se percuter aux roches et dans les cavernes, créant des geysers maritimes géants !



Après la balade, Leanne nous offre même un thé/café. On parle de mille et une choses, la route jusqu’à Greymouth passe en un éclair. J’ai du mal à les quitter une fois arrivés. On va quand même déjeuner ensemble au Freddy’s avant qu’ils me déposent devant mon hostel et que nos routes se séparent.



Au Duke’s Hostel, Dory sait ce que le mot accueil veut dire. Un grand sourire, des petits gâteaux, petit déjeuner offert le matin et soupe offerte le soir, que demander de plus ? Des vélos ? Ah ben oui, Dory il a ça aussi. Il me conseille de me balader sur le début du West Coast Wilderness Trail, une piste cyclable qui part de Greymouth, et longe la côte ouest jusqu’à Ross sur plus de 130 km. C’est une fin d’après-midi ensoleillée, parfaite pour parcourir quelques kilomètres et admirer la mer de Tasman.

De retour au backpacker, après avoir englouti la délicieuse soupe maison de Dory, je KIFFE la douche. Enfin une douche chaude et longue comme j’en rêvais depuis que j’ai quitté Abel Tasman. (Rappel : j’ai pas pris une douche digne de ce nom depuis 4 jours).


Voilà, je suis arrivée à ma première destination. J’ai raté le train du jour de quelques heures, mais c’est pas grave. Je comprends un peu mieux maintenant l’adage qui dit que le plus important c’est pas forcément la destination, mais le voyage en lui-même.

Parce que c’est sûr que je ne m’attendais pas du tout à un tel voyage… ! De l’autostop en Jaguar au jardin plein de vers luisants, en passant par la chanson d’amour en Hébreu, les Pancake Rocks et la découverte de Greymouth, qui est un assez charmante au final… Cette première expérience en autostop a été très riche! Et demain, je vais prendre le train pour la première fois en Nouvelle Zélande… Je crois que je pourrais facilement m’habituer à cette vie de surprises.



Y ALLER :

CHARLESTON, wait… Non en fait, je t’assure, tu veux pas y aller

CHEZ DONALD, PYRAMID FARM, Curries Road, Charleston

PANCAKE ROCKS, Punakaiki

FREDDY’S CAFE, 151 Mackay St, Greymouth

DUKE HOSTEL (BBH), 27 Guinness St, Greymouth

WEST COAST WILDERNESS TRAIL



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