L’ACCEPTATION.


“It snows over my smile today.”

Il y aura toujours des dates. Des rappels. Des épines qui piquent, qui percent, qui saignent parfois. Ca fait Quinze Ans maintenant. Ça me semble une éternité, ça me semble hier.

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Je me rappelle qu’il faisait beau. J’étais jeune, adolescente. Je me rappelle où j’étais assise, là dehors, et avec qui. Je me rappelle ma mère qui courait, mes pensées qui galopaient. J’ai tout de suite pensé à quelque chose de grave. J’ai pensé à Papi tu vois.

Papa, sérieux, jamais j’aurais pensé que ce serait toi.

Après ça, tout est flou. Des rideaux de larmes, des questions, trop de questions. Des rivières de culpabilité, qui semblaient vouloir m’engloutir vivante. J’me suis noyée et j’ai étouffé en silence, parce que ça se fait pas de crier, surtout quand on est le seul à crier.

Ça a pris son temps. Juste d’être capable de dire ‘Je vais mieux.’ Et surtout de ne pas s’en sentir coupable. Parce que c’est ça le truc quand tu portes un deuil tout seul, si tu le laisses aller, si tu procèdes comme il faut, à un moment donné il n’y a plus de deuil. Est-ce que le souvenir s’évanouit ? Pour moi c’était un devoir de mémoire de traîner ma culpabilité. Si je ne suis pas la coupable, qui le sera ? Si je ne suis pas en deuil, qui le sera ? Ça ferait de moi une véritable mauvaise fille si je ne peux même pas honorer correctement la mémoire de mon père, si je ne suis pas là pour témoigner de son existence. Je m’en suis portée garante. Tant que je serais en deuil, c’est un peu comme si tu restais vivant.

Ce pacte avec moi-même, ce pacte avec un mort, c’était comme avoir une ancre accrochée aux pieds quand le soleil brille au-dessus des flots. Finalement, tu ne peux jamais vraiment rejoindre la surface. Finalement je n’ai jamais vraiment guéri de toi.

Est-ce que ce voyage a changé ça ? Je ne sais pas. J’aime à croire que le changement était en marche depuis un moment. Mais peut-être me fallait-il quelque chose de plus radical. Peut-être me fallait-il me détacher, au sens littéral comme au figuré.

Il me fallait couper le cordon avec un mort.


Papa, je t’aimais. Je t’aime toujours. Mais je ne veux plus souffrir comme ça.

Aujourd’hui j’ai rampé dans une grotte pleine de glow worms, le sourire scotché à la gueule comme une gamine.

Aujourd’hui c’est une sacrée belle journée pour vivre, plutôt.


 

L’ACCEPTATION.
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7 thoughts on “L’ACCEPTATION.

  • 16 May 2016 at 21 h 50 min
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    Ma petite cousine, Céline, ne sait trop quel mots donner à cette lecture qui m émeut, et me laisse apercevoir ta souffrance. Tu n’est pas responsable, détache toi de cette culpabilité, ton papa est dans ton cœur et le restera, continue d’avancer, parcours le monde comme tu le fais si bien, Ton Papa doit être fier de sa Fille, c sûr!!! il est aussi souvent dans mes pensées, évidemment qu il me manque, pour d autres raisons que les tiennent, cette date est noté dans mon agenda, tu me la rappeler je vais allumer une bougie , je vais lui adresser avec cette lumière un sourire et je retiendrais mes larmes. Je t aime cousine, profite de ces derniers moments loin de ton pays,

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    • 21 May 2016 at 12 h 45 min
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      Merci de penser à moi, à lui…
      J’ai jamais exposé à vif comme ça ce que je ressentais vis-à-vis de ça.
      Il est bon, pour une fois, de ne plus se sentir seule.
      Je t’aime cousine <3

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  • 17 May 2016 at 0 h 07 min
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    Oh ma belle, tu m’as mis les larmes aux yeux, mes poils au garde à vous…
    J’ai très envie de te serrer dans mes bras, très fort.
    Je suis heureuse de savoir que la Vie l’a emportée aujourd’hui et de savoir que tu es avec quelqu’un de super pour vivre ce changement.
    Des gros bisous ma chouquette <3

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    • 21 May 2016 at 12 h 44 min
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      Hélène <3
      Quand j'te lis dans mes commentaires, meuf, ça me donne encore plus envie de te revoir.
      Des bisous d'amour.

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  • Pingback:Un jardin en Anjou – Retour aux sources – Take a Walk on the Wild Side

    • 14 March 2018 at 2 h 32 min
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      Je t’en prie, Lucie!
      C’est un sujet qu’il m’est toujours très dur à aborder, mais le temps libère de plus en plus ma parole.
      Et allège mon coeur du coup. J’espère qu’il en sera de même pour toi <3
      (oui je réponds dix ans après, mon ordinateur est enfin réparé!)

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