POURQUOI TU DEVRAIS PARLER AUX INCONNUS #3 – DE LA FRANCE AU JAPON



CES RENCONTRES SUR LA ROUTE… OU AILLEURS

EPISODE # 3: DE LA FRANCE AU JAPON

(Une ôde au Postcrossing)

(Read this post in English, baby!)



« Ne parle pas aux inconnus ! » On a tous entendu ça à un moment ou un autre, plus particulièrement pendant l’enfance. L’inconnu est terrifiant, pétri de mauvaises intentions, surtout avec ses bonbons qui pétillent et ses manteaux d’hiver. Entendons-nous bien, c’est bien plus qu’un bon conseil pour les enfants, l’innocence de l’enfance étant étrangère à la méfiance, à la prudence, et on ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Mais… Pourquoi ce conseil reste-t-il ancré en nous bien des années plus tard ? Est-ce vraiment à raison ? On n’en ferait pas un peu trop à se braquer comme ça devant les inconnus, et à ne se préoccuper que de notre petite bulle confortable ?

Ici je vais te démontrer par A + B comme finalement c’est vachement cool parfois de se laisser aller vers l’inconnu, du lui faire un peu confiance, et surtout de prendre le temps de… Simplement parler.

En voyage, on recueille sans le chercher pleins de petits actes de générosité gratuite. On y est sûrement plus ouverts, plus dépendants aussi. Ici, j’ai voulu partager ces rencontres, ces actes de générosité, ces surprises, et ce que j’en ai retiré. J’ai pleins de petites histoires en stock que j’aimerais développer et j’espère que cette petite série aura le mérite d’apporter un regard différent et optimiste sur le monde.

Moi, j’te le dis. Tu peux parler aux inconnus. C’est que du bonheur.


UNE BOITE AUX LETTRES AVENUE DE COLMAR A STRASBOURG, FRANCE

SEPTEMBRE 2014

Naraijuku

Le Postcrossing, tu connais ? Le principe, c’est d’envoyer des cartes postales à de parfaits inconnus dans le monde entier. En retour, ta boîte aux lettres explose de cartes postales de tous les continents. Tu crées un profil en ligne où tu indiques les langues que tu parles, ton pays d’origine, ainsi que ce que tu kiffes (ou pas) dans la vie. En fonction de ça, de parfaits inconnus du monde entier vont te faire parvenir des cartes de renards dans la neige, de montagnes, ou d’objets insolites. Et pour le contenu de la carte, c’est là que la magie opère. Certains te racontent leurs vies, d’autres partagent des recettes de cuisine, des livres qu’ils ont aimés, des dessins,… Chacun fait selon ses envies.

C’est Julie, ma collègue de travail qui m’en a parlé, et je suis littéralement tombée amoureuse du concept. En quelques 6 mois de chômage, j’ai envoyé et reçu pas moins de 150 cartes dans le monde.

Un jour, j’ai même reçu une carte postale du Japon, ma première. De Noriko, une maman japonaise. C’était une carte de Nausicaa et la Vallée du vent (cet anime du Studio Ghibli, à voir immédiatement.) Il en fallait pas plus pour sceller le début d’une amitié épistolaire entre la pauvre chômeuse française de 27 ans que j’étais et cette maman au foyer Japonaise joueuse de Ukulélé.

Pendant plusieurs mois, on s’écrit des cartes, puis de longues lettres. Sur la vie en France, sur la vie au Japon. Evidemment, moi je rêve de Japon depuis tellement longtemps. Evidemment que Noriko rêve de France de son côté. C’est comme si je sentais ses yeux briller sur le papier à lettre quand elle me parle du château de Versailles. Elle m’épate aussi, parce qu’elle connait Strasbourg et l’Alsace, alors que moi je remercie Google Maps de m’avoir montré où se situe Matsumoto. Ma fascination enfantine pour Sailor Moon l’a fait bien rire, Noriko, et j’ai la chance de recevoir quelques cartes de mes héroïnes d’’enfance que j’aurais jamais pu trouver ici. Parce qu’on se fait des cadeaux pour nos anniversaires et pour Noël avec Noriko. Comme des amies.


UNE STATION DE METRO A TOKYO, JAPON

JUIN 2015

Shirakawa-go

Il fait chaud à Tokyo. Il y a du monde à la station de Shibuya. Je ne capte pas d’Internet ici, j’aurais dû acheter une carte SIM. J’espère que je ne suis pas en retard, et que je suis au bon endroit. C’est là que vais rencontrer Noriko. Oui, Noriko, ma correspondante de Postcrossing. Quand elle a su que je partais en Nouvelle Zélande, elle m’a proposé de venir quelques temps chez elle, au Japon. Moi qui ai toujours rêvé de Japon ! J’ai cru à une blague au départ, ou à ces fameuses formules de politesse des japonais. Mais elle était sérieuse, Noriko, elle voulait me rencontrer, elle voulait me montrer sa ville, sa maison, sa famille, son Japon.

Je ne pouvais pas rêver plus belle expérience humaine. Noriko s’est avérée une hôte formidable, une seconde maman japonaise, qui m’emmenait partout, me faisait manger des glaces faites par des robots, me traînait dans les magasins pour que je puisse faire le plein de goodies Ghibli ou SailorMoon, me faisait visiter Tokyo en bus, des temples, le château de Matsumoto, et m’invitait en vacances dans les montagnes voir les singes et passer une nuit dans un Onsen Ryokan. Et je ne parle même pas de tous les restaurants délicieux où elle m’a emmenée (oishikata desu!) et de son bento préparé avec amour (et pandas) pour ma route jusqu’à Kyoto.

Son rire résonne encore en moi. Et son sourire gêné lorsque j’ai voulu la prendre dans mes bras. Les Japonais ne sont pas habitués à ces effusions d’affection, et moi, lorsque je ne sais pas comment dire merci, je fais des câlins. Lorsque j’y pense aujourd’hui, je suis encore agréablement surprise de la tournure des évènements. Cette rencontre improbable a vraiment eu lieu, et ça me fout toujours des putains de frissons de bonheur le long de la colonne vertébrale.


UN ARRET DE BUS, MATSUMOTO, JAPON

AVRIL 2017

Jardin de Kenrokuen – Kanazawa

J’ai passé la nuit dans le bus. Après deux avions, un Paris-Istanbul et un Istanbul-Tokyo, 5 heures passées dans l’aéroport d’Atatürk en pleine nuit à boire des thés à la menthe, 8 heures dans le bus de Tokyo à Matsumoto, en gros plus de 25 heures facile de voyage en tout avec au moins deux couchers de soleil, sérieux, je suis séchée, épuisée, et j’ai les muscles en vrac. Noriko me cherche à l’arrêt de bus à 5h41 du matin, je le vois qu’elle aussi a les yeux qui piquent.

Mais nos sourires quand on s’aperçoit, si spontanés, c’est ça la magie des amitiés internationales. Elle me dit que j’ai de la chance, mon timing est parfait, le Hanami (la coutume de la contemplation de la pleine floraison des cerisiers au Japon) a tout juste commencé à Matsumoto, et là, si tôt le matin, c’est l’heure parfaite pour les admirer tranquillement.

Aux alentours du château de Matsumoto, tout est calme, la ville s’éveille à peine. L’odeur des fleurs de sakura (cerisiers) flotte dans l’air, et quelques photographes ont déjà mis leur matériel en place pour profiter du moment. Quelques badauds promènent leurs chiens, certains font leur jogging matinal, et moi je me retrouve là, bouche-bée par tant de calme et de beauté.


Hanami au château de Matsumoto

J’en rêvais de ces sakura en fleurs.

Et me voilà, à nouveau au Japon, réunie avec mon amie qui m’accueille à nouveau chez elle comme si je faisais partie de la famille. Une amie qui finalement avait de manière totalement aléatoire obtenue mon adresse via le site de Postcrossing il y a plus de deux ans.

Ouais, on peut changer de vie grâce à une carte postale.


-FAIS RENTRER LE POSTCROSSING DANS TA VIE-


Tomoaki, Masashi, Noriko & moi au restaurant d’Okonomiyaki – 2015
Noriko & moi, Kanazawa – 2017


POURQUOI TU DEVRAIS PARLER AUX INCONNUS #3 – DE LA FRANCE AU JAPON
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